23/11/2007

SE FAIRE PLAISIR

Se faire plaisir a longtemps été jugé comme un comportement quelque peu égoïste. Mais aujourd'hui, les thérapeutes, relayés par les médias, considèrent que c'est là, un des principaux outils permettant d'accéder au bonheur. Témoignage : A midi Cora n'a pas faim, je la force à manger un peu. Elle pleure, je crie, je m'en veux de m'énerver ainsi , je m'excuse auprès d'elle. C'est épuisant. On m'a conseillé d'aller m'aérer, de me faire du bien. Me faire du bien, me faire plaisir...En marchant dans la rue je tourne et retourne cette phrase... cela veut dire quoi... me faire plaisir... j'ai laissé ma fille à l'hôpital ! Je devrais être auprès d'elle, je n'ai envie que d'être auprès d'elle de la protéger encore et encore... et si elle avait besoin de moi, et si l'infirmière se trompe, et si, et si , et si... Elle n'a pourtant pas pleurer tout à l'heure lorsque je suis partie mais je culpabilise quand même...Ai-je vraiment le droit de me faire du bien alors que ma fille souffre, qu'elle est à l'hôpital ? D'où me vient cette idée que je n'en ai pas le droit ?D'où me vient cette honte, qui me culpabilise, d'être en bonne santé ? Elle souffre donc je dois souffrir aussi pour mieux l'aider, la comprendre . Cette pensée est inconciente mais bien ancrée !Bon, j'accepte pourtant de jouer le jeu que mon docteur m'a proposé, je dois trouver un moyen de me faire plaisir. Je n'ai envie de rien. En moi tout me semble éteint, fermé, anesthésié, sans vie. Mais sa voix résonne dans mon cœur, sa voix douce et ferme à la fois « tu m'appelles ce soir et tu me dis ce que tu as fait pour toi ».Je passe alors devant un salon de thé et une envie irrésistible de chocolat chaud m'envahit. Je pousse la porte , observe l'étalage de douceurs... lequel vais je choisir, je prends le temps de sentir celui qui me fait saliver le plus et je m'installe à une table. La vendeuse m'apporte un chocolat plein de mousse qui sent si bon mon enfance. A-t-elle sentie, compris que j'avais besoin de coucouning ? Elle est tout sourire, extrêmement attentive à mon bien être. Je me détends, je reconnecte avec moi, je respire, je me sens bien, je sens la vie qui re-circule... Impression de me réveiller d'un cauchemar. Oh ! Le goût de ce chocolat, de cet instant magique qui me réveille de mon somnambulisme.Je suis restée longtemps dans cette pâtisserie, prolongeant encore et encore ce moment de bien être. Puis j'ai marché dans les rues, acceptant le soleil, souriant aux passants. Oui, malgré la maladie de ma fille j'avais le droit au plaisir, oui la vie pouvait être bonne et cette joie paisible j'allais pouvoir la retransmettre à Coralie.De cette expérience que puis je en retenir, quelle leçon ? Je suis passée de sans vie à l'en-vie. Grâce à la force d'amour de ce médecin ami je me suis « orientée » vers la vie. Cet homme ne m'a jamais culpabilisée, jamais dit ce que je devais faire POUR Coralie mais il m'a conseillé sur ce que je pouvais faire POUR MOI.Se mettre en vie pour mettre en vie son enfant n'es ce pas là, peut-être, le rôle le plus important de la maman d'un enfant malade ?C'est lorsque l'on est en vie que l'on donne en-vie ?Apprendre à se reconnecter avec ses besoins, ses envies, essayer d'en satisfaire une. Se remettre en vie n'est-ce pas contagieux de bonne santé ?Marie

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