23/11/2007

HISTOIRE DU DIABETE

DE L'ANTIQUITE AU MOYEN AGEDepuis très longtemps, des hommes se sont penchés sur cette maladie étrange que l'on appelle " diabète "En Chine, des livres de médecine vieux de plus de 4000 ans décrivent des symptômes ressemblant de très près à ceux du diabète : une soif et des urines abondantes. Un papyrus égyptien, datant de 1500 ans avant JC, dit papyrus d'Eber (du nom de l'archéologue qui le découvrit) décrit ces mêmes symptômes. En Inde, vers 1500 avant JC, les médecins Susruta et Charaka étudient cette maladie, et découvrent qu'elle produit de l'urine " au goût de miel ", qui attire et charme les fourmis. C'est en Grèce que le nom de diabète est donné pour la première fois : diabetes, qui signifie " qui passe à travers ". Pour Arétée de Cappadoce (80-138 après JC), ce nom décrit le mécanisme du diabète : " les fluides ne restent pas dans le corps, qu'ils utilisent comme un canal à travers lequel ils peuvent passer ". Il s'agit en fait des conséquences, et non du mécanisme du diabète. Nous savons à l'heure actuelle que c'est l'hyperglycémie qui est la cause de l'urine abondante, qui à son tour entraîne une soif intense. Mais à cette époque, les causes du diabète sont encore mal connues : pour Arétée, il s'agit d'une maladie de l'estomac, alors que pour son compatriote Galien (129-01 après JC), c'est une maladie des reins. le médecin arabe Avicennes (980-1037) est un des premiers à décrire deux types de diabète différents, à parler de son association à la gangrène et à indiquer le goût sucré des urines. Il appelle cette maladie " aldulab ", qui signifie " roue à eau ". Moïse Maïmomide (1135-1204), médecin juif, natif d'Espagne mais ayant beaucoup vécu en Egypte, y rencontre de nombreux cas de diabète, et les recense dans le recueil AphorismesDE LA RENAISSANCE AU XIX SIECLEDe nombreux savants de la Renaissance se penchent sur cette maladieAprès Paracelse (1493-1541), médecin suisse, qui isole des urines des diabétiques un résidu à la forme de sel, Thomas Willis (1621-1675) indique que ce résidu a un goût sucré. Pour ces deux médecins, l'origine du diabète ne se situe plus dans les reins, comme le disait Galien, mais dans le sang. John Rollo (1750-1809) est le premier à avoir " soigné " un diabète et à avoir inventé l'auto-surveillance. En effet, le capitaine Mérédith, que Rollo avait connu à l'armée, présentant les symptômes du diabète, Rollo lui prescrivit un régime strict sans sucre, qui améliora nettement l'état de santé du capitaine. Ce dernier avait en outre comme consigne de noter ses symptômes, ses repas et l'évolution de sa maladie dans un carnet, qu'on appellerait aujourd'hui " carnet d'auto-surveillance ". Concernant le traitement du diabète, Appollinaire Bouchardat (1809-1886) suit les traces de Rollo en recherchant (et expérimentant) pendant de longues années le régime diététique le plus efficace face au diabète. Les résultats de toutes ses études sont présentés dans son ouvrage " De la glycosurie ou diabète sucré, son traitement hygiénique ", publié en 1875. Cependant, il se trompe lui aussi sur la cause du diabète, qu'il attribue à l'estomac. A la même époque, Claude Bernard (1813-1878) découvre le rôle du foie dans la fabrication de sucre par l'organisme à partir d'aliments même non sucrés. De cette découverte, il déduit que des urines sucrées sont dues à une fabrication de sucre trop importante par le foie... le diabète devient une maladie du foie. Le pancréas et l'insuline, quant à eux, sont très longtemps méconnus C'est seulement au XVIème siècle que le pancréas (qui signifie " tout en chair " en grec) est isolé des autres tissus, et décrit comme une " glande -coussin ", dont le but est de protéger l'estomac de chocs contre la colonne vertébrale. Le bavarois Johann Georg Wirsung (1600-1643) étudie ensuite de plus près ce pancréas, et identifie des canaux qui partent du pancréas pour arriver dans l'intestin. Ces canaux seront appelés plus tard " canaux de Wirsung ". Enfin, l'étude au microscope du pancréas par Paul Langerhans (1847-1888) lui fait découvrir des cellules particulières, disposées en amas dans le pancréas, et qu'on appellera plus tard les " îlots de Langerhans ".DU XIX SIECLE A 1925Fin XIXème, début XXème : la découverte de l'insulineC'est en 1890 que Minkowski et Van Mering identifient le rôle du pancréas dans le diabète, en pratiquant une ablation pancréatique sur un chien, qui se met alors à présenter tous les symptômes du diabète. Au début du XXème siècle, des chercheurs donnent le nom d'insuline à l'hormone secrétée par le pancréas. Des essais d'injection sont effectués, mais se soldent par de nombreux échecs dus aux effets secondaires de ces injections (inflammations, fièvres, abcès...) Il faut attendre 1921 pour que la découverte de l'insuline soit officiellement reconnue. Frederick Grant Banting, jeune chirurgien de l'Ontario, convainc le professeur Mc Leod, de Toronto, de lui fournir un laboratoire, un assistant et des chiens, afin d'isoler la substance sécrétée par le pancréas. Aidé de son assistant Bes, et du jeune professeur en biochimie Collip, ils réussissent à isoler massivement cette sécrétion. Après quelques essais infructueux, une injection réussie de cette sécrétion à un chien diabétique, Marjorie, diminue sa glycémie. Le 2 décembre 1921, Léonard Thomson, un jeune diabétique de 14 ans reçoit une injection d'insuline, qui lui permet de survivre. Ce n'est qu'un mois plus tard que l'équipe arrive à mettre au point une insuline suffisamment pure pour sauver réellement la vie du jeune homme. Le 12 décembre, leur découverte de l'insuline est communiquée à la Société Américaine de Physiologie. Suite à cette fabuleuse découverte, l'équipe se voit attribuer le prix Nobel de médecine en 1923. La découverte est alors confiée aux laboratoires pharmaceutiques : Eli Lilly, aux Etats Unis, est le 1er laboratoire au monde à produire de l'insuline industriellement (1923).DE 1925 A NOS JOURS...De 1925 à nos jours les recherches se dirigent vers une meilleure connaissance de l'insuline, et un meilleur confort de son administrationLes laboratoires produisent des insulines de plus en plus pures, puis des insulines de durée d'action plus longue, essentiellement à partir de pancréas de bœufs et de porcs. C'est en 1980 que l'insuline humaine produite par génie génétique est mise au point. Depuis 1985, des stylos injecteurs sont développés pour faciliter l'injection. L'auto surveillance glycémique, qui a commencé avec la surveillance urinaire, est pratiquée par des appareils de plus en plus sophistiqués (1er auto-piqueur en 1979). Le dosage de l'Hémoglobine glycosylée (HbA1c) est effectué pour la première fois en 1976. De nouvelles insulines, les analogues rapides de l'insuline humaine, sont découvertes dans les années 90, améliorant encore le confort du traitement. Les pompes à insuline portables et implantables apparaissent au début des années 1980, permettant d'injecter un débit continu d'insuline. Des molécules sont découvertes et utilisées dans le traitement oral du diabète non insulino-dépendant. Les premiers sont les sulfamides hypoglycémiants (1946) et les biguanides (1957). Viendront ensuite la metformine, les inhibiteurs des alpha glucosidases intestinales, les glinides et thiazolidinediones ou glitazones. Des greffes de pancréas sont effectuées depuis la fin des années 60, mais ne sont encore réalisables que chez un petit nombre de patients. La recherche continue dans de nombreux domaines, notamment la mesure de la glycémie (recherche d'un appareil non invasif de mesure de la glycémie, mesure de la glycémie en continu), les greffes de pancréas et le recours aux pancréas artificiels, les insulines par voie pulmonaire, etc....

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